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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/234

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avait perdu toute mesure et tout sens des réalités, s’entêta dans sa fureur avec la ténacité des hommes qui, convaincus d’une erreur, prétendent en faire une vérité en la confirmant plus énergiquement encore. L’affaire suivit donc son cours et, comme elle était née en territoire hollandais, ce fut Sichterman qui l’instruisit. Dans les jours qui suivirent, il fit venir Dupuy pour lui demander comment les choses s’étaient exactement passées ; quant à Dupleix qui ne croyait nullement à la nécessité de prolonger ce scandale, il s’efforça en vain de convaincre la Gâtinais de ne pas poursuivre des injures qui après tout ne lui étaient pas personnelles. Trois mois après, la Gàtinais exigeait encore que l’affaire suivit son cours et c’était aussi l’opinion de Sichterman.

Nous ignorons comment elle se termina et cela importe peu. Nous ne l’avons racontée que pour nous associer aux observations de Dupleix sur la manie qu’ont certains de nos compatriotes de nous découvrir toutes sortes de défaut vis-à-vis des étrangers ; au moins faudrait-il qu’ils reçussent d’eux une confession équivalente ; ce mutuel examen de conscience servirait peut-être à la perfection des peuples.

Cet incident faillit pourtant rompre la bonne entente de Dupleix et de Sichterman. Pour empêcher qu’il n’en surgit d’autres aussi désobligeants, Dupleix fit revivre les anciens ordres qui défendaient aux Français de quitter Chandernagor sans sa permission et il en fit part à Sichterman en le priant de ne voir dans cette mesure que le désir de sauvegarder l’honneur de la nation : il lui demandait de ne pas l’interpréter comme un refroidissement de leur amitié. Sichterman lui répondit par une lettre peu chaleureuse, d’où l’on pouvait conclure qu’il ne croyait guère aux motifs invoqués par Dupleix. Celui-ci