Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/235

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fut très mortifié que justice ne lui fut pas rendue ; il faisait un cas infini de l’amitié de Sichterman et, en toutes circonstances, il l’avait recherchée ; il espérait la conserver. Mais il ne pouvait sans compromettre son autorité rapporter l’ordre qu’il avait donné. L’ordre subsista et les bonnes relations des deux directeurs reprirent peu à peu, comme par le passé. En 1741, Sichterman fut avec Schonamille, directeur de la Compagnie impériale à Banquibazar, un des témoins du mariage de Dupleix.

Schonamille ! Ce nom nous ramène de plusieurs années en arrière, lorsque la Compagnie impériale ayant transféré son siège à Trieste remplaça la Compagnie d’Ostende. Depuis le jour où elle avait pris sa succession dans l’Inde en 1733, elle ne s’était livrée à aucune opération ; elle ne recevait aucun vaisseau et n’achetait aucune marchandise. Schonamille, lieutenant plutôt que directeur du comptoir de Banquibazar, attendait de la diplomatie un réveil de fortune favorable aux intérêts de son maître, l’empereur Charles VI. Il l’attendait, semble-t-il, avec une philosophie très résignée. Le Bengale a de grands charmes pendant les mois où la température n’est pas élevée et il n’est pas nécessaire d’y être très riche pour vivre largement ; il en était du moins ainsi au xviiie siècle. Comme Sichterman, Schonamille se lia d’amitié avec Dupleix et leurs rapports furent d’autant plus sûrs qu’ils n’avaient pas d’intérêts nationaux à débattre.

Dupleix allait quelquefois à Banquibazar et Schonamille à Chandernagor. Ce fut sans doute au cours d’un de ces voyages que Schonamille fit connaissance de Madame Vincens. Sa fille, Jeanne Suzanne Ursule, jeune personne de 11 ans, lui plut et il pria Dupleix de la demander en mariage pour son fils âgé de 18 ans. Dupleix entra aisé-