Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/236

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ment dans ses vues si même il ne les favorisa et transmit à Madame Vincens la proposition de son collègue. La belle veuve crut d’abord à un badinage ; quand elle sut que la chose était sérieuse, elle accepta. L’amour n’avait naturellement aucune part dans ce projet d’union, car les jeunes gens ou plutôt les enfants ne se connaissaient même pas ; le fils de Schonamille n’était jamais venu dans l’Inde et habitait l’Autriche. Dupleix fit convenir que si pour un motif quelconque l’une des parties refusait plus tard le mariage, elle serait tenue envers l’autre d’un honnête dédommagement. Schonamille calculait que son fils n’arriverait pas dans l’Inde avant trois ans ; afin de le façonner à nos mœurs, puisqu’aussi bien il devait épouser une française, Dupleix conseilla de le faire venir en France et de le placer, sous la surveillance de son frère, dans une bonne institution où il apprendrait ce qu’un homme bien né doit savoir et fréquenterait « tout ce qu’il y a de plus grand et de plus opulent dans le royaume ». Il en fut ainsi fait et le jeune Corneille de Schonamille, après avoir fait quelques études à Paris, vint dans l’Inde où il épousa Jeanne Suzanne Ursule le 29 juillet 1743. C’était la seconde fille que mariait Madame Vincens, devenue Madame Dupleix ; la première avait été Madame Barneval.


La Compagnie d’Ostende, avant qu’elle ne devint impériale, n’avait pas été la seule à souffrir de la jalousie et de l’exclusivisme des autres Compagnies européennes ; en 1733, deux navires, l’un portugais et l’autre suédois, comptant sur la liberté du commerce, reconnue par les Maures, avaient pénétré dans le Gange ; aucun d’eux n’avait songé que tous les ports de commerce étaient occupés par les nations rivales ou concurrentes ; tous