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analogues. « Ces armements, écrivait Lenoir, ne pouvaient que causer beaucoup de chagrin au commerce de nos Compagnies qui font des dépenses considérables, auxquelles de semblables gens ne sont pas exposés. »

On ne s’en tint pas là. Les Suédois ayant débarqué des marchandises, Lenoir envoya de Pondichéry la Farelle, major de la garnison, avec un détachement, pour mettre sur elles l’embargo et y apposer les scellés. Peu de jours après, le sous-marchand Dulaurens alla en faire l’inventaire. Entre temps, sept matelots déserteurs vinrent se réfugier à Pondichéry ; Lenoir refusa de les rendre, sous prétexte qu’aucun traité d’extradition ne nous liait dans l’Inde avec les Suédois.

Lenoir excédait manifestement ses droits en prenant de pareilles mesures dans une ville qui ne dépendait pas de son autorité et les Suédois protestèrent contre elles avec énergie ; mais comme ils avaient l’intention d’aller au Bengale et qu’ils étaient pressés d’y arriver à cause de la mousson, ils renvoyèrent à leur gouvernement en Europe l’examen de leurs réclamations.

Lenoir ne supposait pas qu’à la suite de ces difficultés le vaisseau suédois irait au Bengale, où il courait des risques encore plus considérables ; aussi négligea-t-il d’informer Dupleix de ce qui s’était passé. Ce fut par des lettres particulières, arrivées le 4 janvier 1734, que ce dernier apprit le détail des incidents de Porto-Novo.

À cette date, le navire suédois était dans le Gange depuis deux ou trois semaines. Son arrivée étonna d’abord les nations européennes qui dans un premier mouvement de surprise, ne surent pas d’abord adopter une commune attitude. Tandis que les Anglais et les Hollandais le laissaient tranquillement mouiller à Chinsura, où il commença aussitôt à négocier ses fers et ses draps, Dupleix,