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Porto-Novo avec un détachement de cent hommes et demanda à Hubbard, gouverneur du fort Saint-David, de le renforcer d’une quarantaine d’Anglais. Hubbard y consentit. Pitt envoya de son côté un vaisseau d’Europe, le Prince-Auguste avec le major Roach. Lenoir enfin compléta cette défense par l’envoi de l’Amphitrite et du Pondichéry : l’un, navire d’Europe et l’autre, navire des Indes. Ainsi toute une flotte se trouva assemblée dès le début de 1734 pour combattre ou saisir éventuellement l’Ulrich-Eléonor. Le major la Farelle avait le commandement des forces de débarquement, autant pour résister aux Suédois qu’à l’avaldar de la ville, s’il voulait nous créer des difficultés. Le major Roach avait l’autorité sur mer.

Ces dispositions indiquaient nettement qu’on n’entendait pas rendre aux Suédois les objets saisis ni céder à l’intervention du nabab. Quant aux représailles, Pitt jugea préférable d’essayer d’arrêter en mer le vaisseau suédois avant qu’il put les exercer. Il craignait en effet que si le vaisseau suédois, suivant le projet de Barington, venait à piller des vaisseaux maures, cela n’attirât aux deux nations des affaires fâcheuses avec le Mogol, et s’il s’emparait de quelques-uns de nos propres vaisseaux, les propriétaires et même les compagnies n’en rendissent responsables leurs directeurs dans l’Inde. La saisie de l’Ulrich-Eléonor parut d’autant plus légitime à Pitt que, d’après ses renseignements, sur les six mille livres environ qui constituaient son armement, les deux tiers à peu près appartenaient à des Anglais. Un navire ainsi armé, se réclamant d’une nationalité étrangère, ne pouvait être qu’un navire interlope et la commission du roi de Suède dont il se prévalait était suspecte. Le droit de représailles était en lui-même contraire au droit des gens