Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/325

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de suite mettre la colonie sur un pied où on ne l’avait jamais vue, et d’abord il entreprit de la « réveiller de son évanouissement[1] ».

De même qu’il se déclarait prêt pour le commerce d’Europe à charger quatre ou cinq navires, il ne voyait pas de difficultés à armer jusqu’à trois bateaux pour Surate ou la Perse, où cependant les affaires étaient peu brillantes. Il est vrai que les Anglais étaient alors gênés par les Maures dans toutes leurs entreprises et Dupleix comptait profiter de leurs incommodités. Les marchands, disait-il, étaient portés pour lui « d’une ardeur inconcevable » ; ils avaient les plus grandes espérances en sa direction et étaient tout disposés à lui faire un grand crédit. Malheureusement pour lui, le nabab se laissa gagner par quelques cadeaux et nous dûmes, selon l’usage, faire la part des Anglais. Dupleix arma dans l’Inde pour Mazulipatam, Pondichéry, Mahé et Surate et en dehors de la péninsule pour Achem, Benderabbas, Bassora et les îles Maldives. Il songea, sans les réaliser encore, aux voyages de Manille et de Djedda. Le plus important des chargements fut celui d’Achem, avec 100.000 roupies.

Différentes personnes, dont Lenoir, y furent intéressées. Dupleix continuait la tradition en associant à ses entreprises le gouverneur de Pondichéry, mais il le faisait de mauvaise grâce, avec l’idée d’en finir avec lui aussitôt qu’il le pourrait. Il préférait de beaucoup le concours de Trémisot, directeur à Mahé et surtout celui de son ami Vincens, dont il désirait faire la fortune. Vincens fut intéressé de 2.000 roupies dans le voyage d’Achem, dans

  1. Lettres à Massiac et à Dumas des 30 novembre 1731 et 14 janvier 1732.