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commerce. » Et ailleurs, même lettre, « ce qui fait donner au diable bien des gens[1] ».

Dupleix exagérait en paraissant attribuer uniquement à son initiative personnelle la ruine du commerce particulier de Pondichéry ; la vérité est que le Conseil supérieur résolut très volontairement de discontinuer le commerce de Bassora et de Manille pour lequel il n’était pas en situation de fournir les marchandises appropriées. Chandernagor bénéficia très naturellement de cet abandon et devint dès lors la véritable métropole commerciale de nos établissements.

Il n’en faut pas moins reconnaître que Dupleix sut réveiller Chandernagor de sa torpeur ; grâce à lui, neuf navires purent se livrer cette année au commerce d’Inde en Inde. Ce furent le Jean-Baptiste pour la côte Malabar, Goa et Bassora ; le Cauris et le Fidèle pour les îles Maldives ; l’Harrisson devenu l’Aimable et le Bal devenu le Diligent pour Surate ; l’Entreprenant pour Manille. Un autre alla au Pégou. Le Louis XV armé en commun avec Lenoir alla à Achem.

C’était la première fois que les Français entreprenaient du Bengale le commerce de Manille. Les Anglais y avaient envoyé au début de l’année un petit brigantin avec quelques marchandises. Le voyage projeté par Dupleix fut d’une réalisation difficile ; il aurait voulu l’effectuer d’accord avec les autorité anglaises de Calcutta, Stackhouse et Braddyl, en se servant de Boisrolland et d’Alex. Carvalho comme capitaine et subrécargue ; mais ni les uns ni les autres ne purent s’entendre. Carvalho et les Anglais voulaient que l’armement fut fait à Madras avec Louis de Médére qui en préparait un, Dupleix tenait pour Chan-

  1. B. N. 8979. Lettre du 31 août 1732.