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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/336

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modifia quelque peu les dispositions hostiles de Dupleix à l’égard du chef-lieu ; alors qu’il mettait la plus mauvaise grâce à s’entendre avec Lenoir, il se montra au contraire tout disposé à plaire à Dumas et lui fit les offres les plus avantageuses pour les opérations qu’il voudrait faire au Bengale et notamment à Patna. Il lui proposa notamment (19 décembre 1735) d’acheter en commun un navire de 7 à 8.000 pagodes pour faire le voyage de Chine, en le faisant partir de Surate, suivant un projet qui lui tenait à cœur depuis trois ans. Il s’offrait de s’intéresser lui-même pour moitié dans l’achat du navire et de la cargaison. Dupleix suggéra également à Dumas l’idée de vendre à la côte Coromandel de la soie écrue du Bengale ; les Anglais en envoyaient chaque année à Madras et gagnaient de ce chef jusqu’à 25 %.

L’armement pour Djedda fut celui auquel Dupleix consacra le plus de soin : il voulait atténuer les pertes de l’Aimable, autant qu’affirmer sa résistance aux coups de la fortune. En décembre, il comptait que cet armement pourrait aller jusqu’à 140.000 roupies de mise dehors, non compris 4 à 500.000 roupies de fret. C’était presque tenter le destin. « Cela doit vous faire voir, écrivait-il à Dulaurens le 19 décembre, que Dieu a soutenu notre crédit et qu’il aide ceux qui se soumettent à sa providence. » En réalité, le Chandernagor partit le 20 janvier avec une mise dehors de 193.000 roupies et plus de 500 grosses de marchandises, que Dupleix estimait valoir plus de 500.000 roupies ; plus de la moitié était consignée à Vincens. Il n’y avait rien que les Anglais n’eussent fait pour empêcher le chargement ; pour nous contrarier ils avaient expédié un simple brigantin avec 150 balles. Malgré leurs menées, nous avions pu nous procurer 182 balles de marchandises à Calcutta même et