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nous aurions pu en prendre davantage s’il y avait eu plus de place sur le navire[1].

L’armement du Chandernagor avait donné lieu à un incident qu’il convient de raconter.

L’un des bateaux d’Europe avait, en 1735, amené à Pondichéry pour y faire du commerce, un nommé de Villeneuve, parent de l’ambassadeur du même nom à Constantinople ; en dehors de cette parenté, Villeneuve se réclamait encore de Castanier, qui lui avait confié des fonds à faire valoir. Après avoir séjourné quelques semaines à Pondichéry, il arriva à Chandernagor le 12 août ; par égard pour ses protecteurs, Dupleix lui fit bon accueil, encore qu’il fut précédé de la réputation de « maître ladre ». Il le reçut chez lui et l’hébergea. Villeneuve apportait 60.000 roupies environ. Comme la saison était avancée et que les fonds d’Europe n’étaient pas encore arrivés, Dupleix le pria de lui prêter cette somme pour le compte de la Compagnie : ce qui fut fait. Villeneuve prétendit peu de jours après qu’il avait prêté cette somme à Dupleix personnellement et le laissa croire aux Anglais et aux Hollandais dans des termes fort désobligeants, Dupleix va jusqu’à dire « déshonorants ». Dans le même temps, Dupleix organisait le voyage de Djedda avec Féneley comme capitaine et Vincens comme subrécargue : Villeneuve y était intéressé. Vincens, très au courant des affaires du pays, devait en principe avoir toute la commission, soit 5 % ; mais Villeneuve se récria si fort, et Dupleix, on doit le reconnaître, eut si peur de mécontenter ses protecteurs, que Vincens consentit à se dépouiller d’une partie de ses droits, en lais-

  1. Ars. 4743. Lettres du 12 janvier et du 4 mars.