Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/338

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sant 1 % à Féneley et un autre à Villeneuve. Celui-ci aurait voulu avoir la moitié ; Dupleix eut beaucoup de mal à le décider à se contenter de sa part.

Lorsqu’il fut question de donner dans l’armement un prix au navire, au lieu de le compter 54.000 roupies, prix qu’il avait coûté, on proposa de le passer à 45.000. Là-dessus, Villeneuve s’emporta, sous prétexte que la dépréciation était plus forte et traita Dupleix de fripon ou peu s’en faut. Dupleix, moins disposé d’ordinaire à transiger, fit faire un nouveau rapport et l’estimation fut ramenée à 40.000 roupies. Puis le navire partit pour Djedda au début de janvier avec Villeneuve comme second subrécargue. Dupleix n’avait pas attendu son départ pour apprécier en toute indépendance auprès de Castanier lui-même les procédés dont il avait été la victime. « Je l’ai logé, nourri et voituré, écrivait-il le 10 décembre en parlant de Villeneuve, et pour tout paiement, j’en ai reçu un affront en pleine assemblée de tous les négociants de ce pays. Il m’a offensé d’une façon indigne et comme je ne l’ai jamais été de mes jours. Ma patience a été admirée ; il ne le doit qu’à la considération que j’ai pour vous ». Villeneuve s’était également recommandé de Dumas, qu’il aimait, disait-il, à la folie ; Dumas était son procureur unique et spécial. Le même jour où il écrivait à Castanier, Dupleix le lui dépeignait en ces termes : « défiant, brutal, avare, impoli, calomniateur, médisant, ennuyant, piqueur de table, malpropre, puant… l’âme la plus basse que j’aie encore connue. » Après son départ pour Djedda, il espérait bien ne plus jamais le revoir.

Quelques jours auparavant, 28 novembre, il avait écrit à Trémisot : « C’est l’âme la plus basse que j’ai connue de nos jours ; sa conduite déshonore tout à fait le titre