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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/358

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Dupleix fit choix de Beaumont, qui avait déjà séjourné en Perse et lui adjoignit Bellegarde, plus jeune et plus inexpérimenté. Ils devaient être subordonnés à Martinville et lui rendre compte de leurs opérations. Ces trois agents s’embarquèrent à Mahé pour rejoindre leurs postes respectifs dans les premiers jours d’avril 1739.


Il nous faut maintenant dire quelques mots du curieux projet de Dupleix pour la reconnaissance et l’exploitation des terres australes. L’idée ne lui était pas rigoureusement personnelle ; quelques jours avant son retour en France, à la fin de 1736, M. de Lozière-Bouvet, capitaine de la Paix, lui avait communiqué un mémoire sur la découverte de ces terres. Sans trop approfondir le sujet, Dupleix pensa tout de suite que l’exécution ne serait pas difficile et que ce serait un grand avantage pour la Compagnie qui peut-être y trouverait un commerce riche ou tout au moins une relâche pour ses vaisseaux. Quelles étaient ces terres ? étaient-ce les terres polaires proprement dites ou seulement les îles Kerguelen ? Nous pensons qu’il ne s’agit pas des premières ; l’illusion eût été un peu forte de considérer les terres polaires comme un lieu de relâche pour l’Inde et nous ne parlons pas de leurs richesses, aujourd’hui encore des plus douteuses. L’idée de Bouvet, aussitôt accueillie par Dupleix, n’en est pas moins des plus intéressantes : elle précède de peu d’années le grand mouvement d’exploration qui portera nos marins à la découverte des îles de l’Océanie : les grands projets étaient déjà dans l’air et n’effrayaient personne.

Dupleix se serait volontiers chargé lui-même de l’entreprise sans les frais qu’elle devait occasionner ; il acceptait néanmoins de la tenter à ses dépens si la Compagnie