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ment du Saint-Benoit et l’emmena à Pondichéry.

Les accidents n’étaient pas terminés. Un orage plus violent encore que les précédents se déclara du 11 au 12 octobre. Les vaisseaux depuis la pointe des Palmiers jusqu’à Bernagor furent jetés à la côte. À Calcutta, 200 maisons furent abattues ; la mer monta de plus de dix pieds au-dessus des terres. Jamais on n’avait vu pareil cataclysme ; tout le bas Gange fut submergé ; des vaisseaux se trouvèrent transportés au milieu des terres ; des tigres et des caïmans, des bœufs, des vaches, des chevaux et des rhinocéros furent trouvés morts sur la côte, et l’infection était si grande que l’on eut peine à travailler aux navires échoués. Le nombre des habitants morts n’aurait pas été inférieur a 50.000 ; dans une lettre de Saint-Georges, il est écrit 300.000. 20.000 bateaux divers auraient disparu dans le Gange.

Nous avions alors quatre vaisseaux en rivière : le François appartenant à Villeneuve, il se perdit corps et bien à Rangafoula, avec le capitaine, un autre officier, le pilote et 40 hommes d’équipage ; l’Union, venant de Bassora, il fut jeté sur une maison à Fulta ; le Saint-Benoit, il fut précipité dans un ruisseau grossi par les pluies ; un quatrième, dont le nom n’est pas cité, fut jeté sur les rives du fleuve près de Calcutta. Les navires anglais furent encore plus mal partagés, un seul put arriver sans encombre à Calcutta, tous les autres furent jetés de ci et de là, écrasés ou démâtés. Les Anglais perdirent encore quatre vaisseaux d’Europe à Coulpy et deux en rade de Balassor ; sur onze qu’ils comptaient dans le Gange, deux seulement se trouvèrent en état de retourner immédiatement en Europe. Dupleix était tout disposé à leur porter secours ; mais Stackhouse dédaigna de le lui demander.