Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sitions de commerce. Dupleix de son côté avait fait en 1736 un armement pour Anjouan, Mozambique et la côte de Sofala. Il y avait là une confusion pouvant entraîner de sérieuses difficultés. La Compagnie pensa qu’il n’y avait dans l’Inde qu’une seule autorité ayant qualité pour négocier avec le roi de Perse ; autrement les puissances asiatiques ne sauraient plus à qui s’adresser si chacun s’avisait de parler au nom de la nation. Elle décida en conséquence que les cafés de Bourbon destinés à être vendus en Perse seraient d’abord apportés à Pondichéry ou Chandernagor. La Bourdonnais devrait renoncer à envoyer des vaisseaux à Djedda et à Bassora comme Dupleix et le Conseil de Mahé cesseraient d’en envoyer à Madagascar et à la côte d’Afrique. La ligne de démarcation des deux navigations était ainsi nettement déterminée[1].

Cette limitation du commerce de l’Inde était logique et aucun de nos établissements n’en souffrit.


Nous n’entrerons pas dans le détail des opérations commerciales, sauf pour celles de Manille qui présentent un intérêt particulier.

Le voyage de Manille avait été si heureux en 1736-37 que chacun voulut l’entreprendre l’année suivante, aussi bien Dumas à Pondichéry[2] que Stackhouse à Calcutta et Dupleix à Chandernagor. Stackhouse prévoyait même l’envoi de deux navires. Dans la fièvre du succès, on ne

  1. A. P., t. V, p. 170.
  2. Le navire envoyé par Dumas fut la Notre-Dame de Santé, dans laquelle la Compagnie était intéressée de 10.000 pagodes. Dupleix et Dumas auraient vivement désiré ne faire qu’un armement commun avec un gros navire plutôt que de diviser leurs efforts en deux petits ; mais le subrécargue du voyage précédent voulut rester seul et ses prétentions firent tout échouer.