Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/365

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songeait guère que la campagne précédente n’avait réussi que par la perte de plusieurs sampans chinois ; et que si les Anglais et les Français envoyaient ensemble quatre navires, les Espagnols auraient les marchandises pour rien. Dumas et Dupleix s’entendirent du moins pour ne pas se concurrencer personnellement et prirent une part égale dans les armements l’un de l’autre. Restait Stackhouse, fort menaçant avec ses deux voyages en perspective. Dupleix manœuvra fort habilement pour les empêcher l’un et l’autre. C’étaient surtout les Arméniens qui devaient en faire les frais avec leurs nombreuses balles prêtes à partir. Dupleix ne les aimait pas ; avec eux, disait-il, il faut toujours craindre d’être trompé ; mais dans l’occurrence, il avait besoin de leur concours : il leur fît entendre par des moyens détournés que s’ils s’engageaient en ce voyage avec les Anglais, il n’en pourrait résulter pour eux que les suites les plus fâcheuses. Le commerce de Manille était, en effet, interdit en principe à tous les étrangers et surtout aux protestants ; étaient-ils bien sûrs que le navire de Stackhouse où il n’y aurait pas de catholiques romains ne serait pas inquiété à son arrivée ? Le danger serait au contraire écarté s’ils chargeaient sur un navire français. La manœuvre fut si bien conduite que Stackhouse, ne trouvant ni cargaison ni fret, dut renoncer à ses projets.

Dupleix restait donc maître de la situation. D’accord avec Domingue Carvalho, qui devait être son subrécargue, il pressa l’armement du Richmond qu’il venait d’acheter 27.000 roupies et qui devint le Balocopal. Les Arméniens séduits par son activité et son esprit de décision, lui apportèrent en masse leurs marchandises, mais on a bien raison de dire qu’on n’est jamais trahi que par ses amis. Dugard et Carvalho, l’un capitaine et l’autre