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subrécargue du Balocopal, avaient la permission d’embarquer pour leur compte 200 balles de marchandises, sans compter une partie de fer assez considérable. Loin de s’en contenter, ils chargèrent en plus 54 balles et 250 sacs tant de blé que de pois de Patna, qui prirent la place de 100 balles de mouchoirs qu’auraient pu fournir les Arméniens ; et pour être plus favorisés encore, ils débarquèrent 19 balles de la cargaison.

Ces procédés suscitèrent dans la colonie arménienne une indignation justifiée ; les marchands qui avaient chargé à fret, réclamèrent et protestèrent avec énergie et conviction ; mais Dugard et Carvalho, se croyant à l’abri de toute concurrence, ne voulurent rien entendre et tranquillement ils commencèrent à descendre le fleuve vers le 20 mars 1738, au milieu des imprécations générales.

Lorsque Dupleix eut connaissance de cette manœuvre, il en comprit l’indignité et le danger et d’urgence il acheta pour 12.050 roupies avec Eliot, négociant anglais de Calcutta, un petit navire nommé la Princesse Émilie pour prendre les balles restées en souffrance. Mais il était trop tard. Dans l’intervalle et sous le coup de la colère, les Arméniens s’étaient entendus pour affréter un navire anglais, le Sagragaly et l’avaient fait partir presque aussitôt après le Balocopal avec un chargement de 300 balles. Dugard et Carvalho étaient pris à leur propre piège ; il semble que la responsabilité de l’opération retombe surtout sur le capitaine.

Sans compter le fret fourni par les Arméniens, l’armement du Balocopal était de 243.000 roupies, dont 105.000 pour le compte d’Eliot, 30.000 pour Dumas, 23.500 pour Castanier, 40.000 pour Carvalho et 30.000 pour Dupleix. Sur le bruit que le gouvernement des Philippines vou-