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pas aujourd’hui d’autres constructions sur notre loge qui est composée exclusivement de champs cultivés en rizières pendant la saison des pluies. Il y avait encore en 1904, le long du fleuve, une maison en ruines qui pouvait être l’ancienne factorerie ; elle a été emportée, nous a-t on dit, en 1908 par une inondation.

Cassimbazar est aujourd’hui sans grande importance ; au xviiie siècle, elle était florissante, peuplée et formait en réalité un faubourg de Mourchidabad. Elle tirait toute son importance de ses soies, qui sont restées la principale industrie du pays. Au début de notre installation au Bengale, on faisait venir directement ces soies à Chandernagor en confiant à des marchands indigènes le soin de les acheter sur place. La mauvaise qualité de celles qu’on se procurait de la sorte détermina la Compagnie à envoyer à Cassimbazar des employés qui l’achèteraient pour son compte et c’est ainsi que la loge fut constituée. La soie était achetée en potnis ou écheveaux, tels qu’ils provenaient de la coque des vers, puis virée à la loge. Il y avait des marchands qui rassemblaient ces potnis dans toutes les aldées voisines de Mourchidabad jusqu’à près de trente lieues à la ronde.

Les vers fournissaient de la soie pendant onze mois de l’année. Celle de novembre à janvier était la plus fine et la meilleure parce que dans cette saison qui est la plus fraîche du Bengale, les feuilles du mûrier sont extrêmement tendres. On appelait cette soie agni ou tani. Celle de février et de mars, dite soita, faisait la deuxième qualité. La soie d’avril, mai et juin était la plus mauvaise de toutes en raison de l’aridité du sol et formait la quatrième et dernière qualité, on la nommait atchary. Enfin la soie de juillet, août et septembre qui faisait la troisième qualité, était dite soie saony. La Compagnie