Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sujet qu’il ne recevait d’autre part aucun compte. Il ne savait que répondre.

Sur ces entrefaites, le nabab prétendit interdire aux Européens le commerce du salpêtre, pour les obliger sans doute à passer par son intermédiaire. Ils se coalisèrent contre cette mesure aussi arbitraire qu’onéreuse et la firent échouer. Les Anglais et Hollandais voulurent profiter de la circonstance pour nous amener à prendre le salpêtre exclusivement en leurs magasins ; ils s’engageaient à nous en fournir une quantité déterminée, au delà de laquelle nous ne pourrions en avoir. Groiselle fut assez sage pour ne pas se lier par un engagement qui lui eut mis la corde au cou.

Les opérations de cette année furent encore contrariées par une insurrection des Canines entre Agra et Delhi ; le commerce fut dérangé dans tout le nord de l’Inde pendant les quelques mois que durèrent les troubles. Puis ce fut une invasion marate qui vint jusqu’aux portes de Patna. C’était la première fois que cette nation guerrière s’aventurait dans l’Indoustan. Sur la demande de Groiselle, Dupleix fit passer un détachement à Patna, mais ce secours serait-il bien efficace ? On ne pouvait tenir en échec toute une armée avec une poignée d’hommes et dans le cas où l’on serait obligé de se retirer, ce détachement, loin de constituer une sauvegarde, serait plutôt un surcroît d’embarras. En prévision des complications, Groiselle conclut un accord avec les Hollandais pour leur protection réciproque. Les Anglais proposèrent de participer à cette entente et d’entrer d’un tiers dans les dépenses ; Dupleix n’accepta pas d’abord leurs offres, estimant qu’en cas de danger le parti de la retraite était encore le plus sûr. Mais bientôt il se ravisa et à la fin de l’année, les Anglais signaient le traité de garantie franco--