Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ruption générale du commerce provoquée par l’invasion de Nadir Cha, mit Dupleix dans l’impossibilité de s’acquitter envers ses créanciers. Il passa plusieurs mois dans une anxiété très grande jusqu’à l’arrivée des vaisseaux d’Europe, qui lui apportèrent des fonds. Groiselle, ne recevant pas d’argent, se trouva de son côté dans une situation des plus pénibles. Dupleix l’invita à se tirer d’affaires du mieux qu’il pourrait et notamment en troquant ou en vendant les marchandises qui lui restaient sans les conserver plus longtemps en magasin. Leur garde finissait par coûter trop cher.

Aussi c’est sans le moindre plaisir et même sans la moindre confiance qu’il engagea la campagne 1739-1740. Il ne voulait plus, disait-il, se fourrer dans un commerce qui n’a point de fin et est sujet aux mauvaises dettes et à beaucoup de dépenses. Il arma néanmoins quelques bateaux qu’il fit escorter par 25 hommes seulement avec Gassonville comme capitaine, Coquelin et Joyant, l’un enseigne et l’autre sous-lieutenant.

Cette flotte partit le 6 septembre. À Cassimbazar elle prit un bateau de soies chargé par Burat. La facture des marchandises s’élevait avec les frais à 14.959 roupies seulement. Il ne semble pas que Dupleix ait eu un grand intérêt dans cet armement ; il n’avait pas embarqué certaines marchandises, telles que la toutenague, pour ne point concurrencer celles de la Compagnie et avait cédé son intérêt dans les soies à Coquelin et Joyant, l’un pour 1.400 roupies et l’autre pour 600, sous condition que le produit servirait à acheter 60 à 80 caisses d’opium. Gassonville emportait pour sa part du poivre et de la cannelle qu’il devait également essayer de convertir en opium.

Groiselle devait de son côté acheter autant de toiles