Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/415

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remplacement. Comme Dupleix se trouva lui-même engagé à Chandernagor dans un conflit de même nature avec les Jésuites, où il prit d’abord le parti de ces derniers (voir chapitre XI), sa réponse à Groiselle ne manque pas d’un certain intérêt :

« Si, lui écrivit il le 16 juin 1739), le Père capucin cesse encore quelque temps de venir à la loge célébrer la messe, vous ne lui payerez plus ses honoraires et quand même il voudrait y revenir, dites-lui que vous ne pouvez plus le recevoir jusqu’à de nouveaux ordres. Il est bon de faire sentir à ces moines le ridicule de leurs démarches. Je pense bien que son supérieur ne l’approuvera point[1]. »

Sur ces entrefaites il arriva à Chandernagor 12 capucins ayant à leur tête un préfet qui avait autrefois résidé à Patna : ce fut l’occasion de se débarrasser du P. Sigismond. Le préfet entra aisément dans les vues de Dupleix et de Groiselle et fit passer le P. Sigismond avec d’autres pères à la mission de Lhassa au Thibet. La paix fut ainsi rétablie dans la loge. Tous les pères n’étaient pas d’ailleurs d’une humeur aussi violente que le P. Sigismond ; il y avait dans le même temps à Patna un autre père du nom de Joachim, qui s’intéressait vivement à toutes les curiosités du pays et que Dupleix avait prié de lui rassembler, en les envoyant chercher au besoin jusqu’à Agra et jusqu’à Delhi. Le P. Joachim mettait le plus grand empressement à satisfaire aux désirs de Dupleix, précédemment il lui avait envoyé des dessins et des gravures ; cette année, il lui procura du cristal de roche.


Un autre malheur aussi grave que celui de l’année précédente arriva à la flotte de Patna à sa descente du

  1. B. N. 8982, p. 78.