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revers successifs, sans que rien justifiât son maintien ou son abandon. Dupleix lui-même, qui se plut pendant trois ans à se reconnaître en cette œuvre ; qui était la sienne, s’en désintéressa presque complètement lorsque les difficultés se succédèrent et à la réclame retentissante des premiers jours succéda bientôt un silence discret et presque accusateur. C’est l’histoire de beaucoup d’affaires ; elles naissent dans une auréole, se développent dans la pénombre et meurent dans la nuit. Le comptoir de Patna ne disparut point avec Groiselle ; à part les années d’occupation anglaise, il dura même jusqu’à la fin du siècle. Mais il ne fut jamais un lieu de grande activité ni de grande affluence et son importance ne s’accrut pas avec les années. Et n’est-ce pas comme un symbole de la destinée qu’on ne puisse même pas déterminer l’emplacement d’un comptoir sur lequel la Compagnie, le ministre et même l’État eurent un instant les yeux fixés !


Dacca.

Dacca, qui est encore aujourd’hui la seconde ville du Bengale, est située à 264 milles à l’est de Calcutta. On peut y aller en bateau jusqu’à Naraingunj, qui est à quelques milles seulement de la ville. Le droit de nous y établir nous avait été expressément concédé en 1722, mais la Compagnie n’usa pas d’abord de ce droit et quand elle crut devoir en profiter, elle aima mieux louer des maisons et des magasins : elle paya ainsi des loyers jusqu’en 1752, époque où le chef de la loge, Renault, acheta les immeubles loués pour 11.800 roupies.

En 1737, nos intérêts y étaient représentés par un nommé Téchère, qui se trouvait alors en possession de 87.000 roupies pour les divers achats à effectuer tant dans le