Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/431

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serait bientôt décidée. Il me serait difficile de dire à quoi doivent se monter les offres de la Compagnie ; je pense seulement que, s’il n’en coûtait que 100.000 roupies, elle ne devrait pas balancer de les donner. »

Dupleix n’avait pas perdu de vue ces idées lorsqu’il arriva au Bengale. Dès le mois de novembre 1731, il se préoccupa d’obtenir du nabab le même privilège que la Compagnie de Hollande, c’est à-dire celui de porter à la Monnaie de Mourchidabad les lingots qui lui venaient chaque année de la Compagnie.

Nous avions, semble-t-il, profité autrefois de ce droit implicitement contenu dans les paravanas, mais comme notre commerce était tombé, on avait cessé de l’exercer. Maintenant que nos affaires reprenaient, il était utile de le faire revivre. Mais l’avidité de Fatechem était un sérieux obstacle. « Il s’empare, disait Dupleix, de tout l’argent, fait quelques présents à celui qui tient la place du nabab et que l’on appelle Souja Vady Mahamet Khan. Pourtant cette permission n’apporterait aucune perte aux revenus du nabab, puisqu’il lui est indifférent que ce soit nous ou un gentil qui lui paie ce droit de monnayage. » Ne pouvant porter notre argent à la Monnaie, nous étions obligés de le vendre aux correspondants de Fatechem le prix qu’ils demandaient, en général à 2 ½ % de perte. Fatechem faisait ensuite fabriquer les roupies à sa convenance, sans que le trésor public en retirât le moindre bénéfice.

Dupleix estimait que si nous pouvions nous passer de son intermédiaire, la Compagnie retirerait plus de 4 % sur le prix de vente de ses matières ; il prescrivit en conséquence à Burat d’essayer d’obtenir du nabab la permission de porter directement nos matières à sa Monnaie, en offrant, si besoin était, un cadeau de 20.000 roupies, et en évitant autant que possible d’éveiller l’attention de