« Vous qui avez un pouvoir égal à celuy des Ministres du roy, qui estes un seigneur valeureux et qui présidez à toutes les puissances du pays où vous êtes, dont la réputation s’est répandue partout, vous qui estes aimé de moi et qui estes digne de tous les emplois et estes comblé de toutes sortes de prospérités, Alava Daoula, je souhaite que vous soyez par la grâce de Dieu en parfaite santé.
« J’ai appris par M. Dumas, Gouverneur de Pondichéry, que les serafs de Bengale apporteraient des obstacles au cours de ses roupies ; c’est ce qui m’oblige de vous écrire que s’il y a quelque différence de ces roupies aux roupies courantes d’Arcate, il faut me le mander ; s’il n’y en a point, il faut que vous donniez des ordres qu’elles soient reçues dans toute l’étendue du Souba de Bengale[1]. »
On pense bien que les événements n’avaient pas attendu cette lettre tardive pour suivre leur cours fatal et nécessaire. Lorsque Fatechem se mit à entraver le cours de nos roupies, on était au milieu de 1737. Les marchands qui n’avaient pas encore passé des contrats préférèrent attendre l’issue des événements. Parmi les contractants, ceux qui avaient déjà engagé leurs capitaux se trouvèrent fort embarrassés. Les roupies de la Compagnie avaient été acceptées sur le pied de 8 % de banta ; à la suite des manœuvres de Fatechem, ces roupies tombaient au rang des roupies courantes, n’avaient plus que la valeur intrinsèque de l’argent et perdaient ainsi leur prime de 8 %. Ceux qui avaient mis en circulation les roupies reçues se plaignirent, mais aucun ne réclama de dédommagement. La perte atteignit surtout ceux qui avaient contracté sans se presser de faire circuler leur argent. Ils voulurent se débarrasser des roupies arcates reçues
- ↑ Cité par M. Zay. Histoire monétaire des Colonies Françaises, 1892, p. 322.