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de la Compagnie, hors du contrôle de Fatechem, sans éprouver cette perte de 8 % ; pour cela ils recoururent à divers moyens. Les uns cherchèrent à faire passer leurs roupies cinquante par cinquante dans leurs ceintures ; d’autres, croyant mieux faire, les mirent dans de vieilles panelles couvertes de riz. Les risques étaient grands et souvent ceux qui voulurent les courir revinrent sans avoir osé franchir les passages gardés. D’autres enfin, plus prudents, allèrent prendre des lettres de change chez Fatechem qui, pour échanger les roupies arcates contre les roupies siccas, commença par leur faire payer 10 ½ de banta et ensuite 1 ½ à 2 ½ le change de la lettre ; de cette façon 100 roupies arcates faisaient à peine 87 siccas.

Lorsqu’il vit la situation des roupies de la Compagnie ainsi compromise, Fatechem, poursuivant toujours son but, fit proposer par le nabab de rétablir le cours de nos roupies à 8 % de banta, mais à condition soit de mettre un droit de 3 ½ % sur toutes celles que nous introduirions au Bengale, soit de porter nos espèces à la Monnaie de Mourchidabad pour être converties en siccas.

Devant cette double alternative, également défavorable à nos intérêts, Dupleix se trouva très perplexe, mais il eut vite pris son parti. On approchait de la fin de l’année. C’était le moment où les navires devaient retourner en France. Les marchands qui n’avaient avec nous aucun engagement, ne voulaient faire aucun contrat, à moins qu’on ne leur donnât la roupie arcate sur le pied de la courante : or, pas de contrats, pas de retour. Sans attendre le résultat des négociations qui, sur sa propre initiative, avaient pu être engagées avec Nizam et la Cour de Delhi, sans prendre l’avis du Conseil su-