Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/449

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Conseil nous écrit, que je ne dors ni nuit ni jour, je crains avec raison d’y succomber, j’ai ce malheur de trop prendre à cœur certaine chose, je ne suis pas mon maître à ce sujet ; j’attends quelque consolation de vous sur tout cela, ne continuez pas de m’accabler, faites en sorte que votre Conseil ne continue pas de nous maltraiter, l’on peut blâmer et trouver à redire sans se servir de termes offensants, c’est là ce qui me chagrine et me tue, en ma place vous penseriez de même ; vous m’avez tant de fois donné des marques de votre amitié, me refuserez-vous celle que je vous demande ? j’espère que non et que vous rappelant l’ancienne amitié, vous nie rendrez plus de justice que votre Conseil. L’on m’écrit de Pondichéry que l’incommodité de Madame votre épouse l’obligerait de passer en France sur le Phénix pour se rétablir. »

Les lettres de Dupleix des 21 et 22 avril avaient paru si extraordinaires au Conseil supérieur que dès le 15 juin il lui avait fait savoir en quelques lignes qu’en raison des termes peu mesurés dont elles étaient pleines, termes contraires à la vérité et remplis d’emportement et d’interprétations fausses et forcées, il n’y répondrait pas[1].

Mais à la même date — exactement le 17 — Dumas écrivit personnellement à Dupleix une lettre plus conciliante, où il lui exprimait en termes plus amicaux que rigoureusement administratifs, que nul n’avait jamais songé à mettre son honneur en jeu. Dupleix, que le souci de sa probité préoccupait avant toutes choses, le remercia aussitôt (6 juillet) de l’avoir détrompé sur les sentiments du Conseil supérieur.

« Je vous suis infiniment obligé, lui disait-il, des chagrins que votre amitié m’a épargnés l’obligation que je vous ai est d’autant plus grande que j’ai le malheur de me chagriner plus qu’aucun autre, surtout lorsque j’ai cru m’apercevoir du

  1. C. P., t. 2, p. 22.