Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/456

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voierait sans aucun doute à ceux qu’elle nous a ci-devant donnés et nous n’aurions en vérité rien à lui répliquer[1]. »

Ce point établi avec une netteté qui frappera, Dupleix répondant à une crainte que paraissait avoir le Conseil supérieur, exposait que son argent ne serait pas plus exposé à la Monnaie de Mourchidabad que dans les harams, sur les chemins ou sur le fleuve. Le nabab était le maître dans toute l’étendue de son gouvernement ; le moindre de ses ordres était exécuté dans toute sa rigueur ; sa tyrannie ne laissait pas plus de sûreté dans un endroit que dans un autre. Les Hollandais qui faisaient porter leurs matières à sa Monnaie n’avaient jamais eu à s’en plaindre.

Voilà, ajoutait Dupleix, ce qu’il avait à répondre à toutes les objections qu’on lui avait faites, même « au crime » dont on l’accusait. Malgré tout ce qu’on pouvait penser et dire, il était persuadé d’avoir tiré la Compagnie d’un mauvais pas et l’avoir mise en état de choisir suivant les occurrences entre la fabrication de Pondichéry et celle du Bengale : l’apport de notre argent à la Monnaie de Mourchidabad étant une simple permission et non une obligation.

Le Conseil supérieur, dans le premier mouvement de douleur et d’indignation que lui avait causé la conduite du Conseil du Bengale avait décidé qu’il ne lui allouerait aucune des dépenses faites pour l’obtention du paravana et dans la suite avait maintenu cette décision. Dupleix s’en indigna avec une violence particulière :

« Autorisés, répondit-il avec hauteur, comme nous sommes, par la Compagnie à traiter ou accommoder toutes les mauvaises

  1. A. P., t. 5, p. 126-127.