Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/457

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affaires qui se présentent, nous sommes dans la dernière surprise de voir comme vous terminez toutes vos réflexions sur l’affaire en question. Vous ne nous allouerez pas, dites-vous, aucune des dépenses que nous avons faites à ce sujet. Croyez-vous que nous sommes à votre service ou vos domestiques ? D’où tirez-vous, s’il vous plaît, cette autorité ? Est-ce votre bien ou celui de l’État que nous gérons ? Sera-ce vous qui serez juges dans cette affaire ? Non, nous avons des maîtres à qui nous appelons ; ils seront nos juges et nous leur demanderons réparation de l’injure que vous nous faites en voulant nous faire passer pour des fripons, puisqu’il n’y a que cette qualité qui puisse obliger de ne pas allouer cette somme et en nous traitant comme les derniers des hommes. Vous répondrez devant Dieu et devant les hommes des mauvaises impressions que vous aurez tâché de donner de nous à nos maîtres par la lettre que vous aurez sans doute écrite par la Reine, à laquelle vous saviez bien que nous ne pouvions répliquer.

« Un supérieur qui s’éloigne de l’attention qu’il doit avoir pour ceux qui ne lui sont subordonnés que d’une certaine façon, qui ne ménage point les termes, qui tâche de le déshonorer, qui ne veut examiner une affaire de la dernière conséquence que suivant ses préjugés, mériterait que le subordonné n’eut plus d’égard à sa supériorité jusqu’à la décision de leur maître commun. Mais non, soumis à vos ordres, nous ne nous en écarterons pas, quelques sujets que nous en ayons[1]. »

Ainsi parlait Dupleix. Examinons maintenant les arguments ou plutôt la réponse du Conseil supérieur. Il doutait fort que la permission de porter nos roupies à la Monnaie de Mourchidabad nous eut été offerte par le gouvernement maure, sinon pourquoi ce présent de 50.000 roupies ? Une permission offerte ne se paie pas. Il pensait plutôt que l’arrangement n’avait été qu’une

  1. A. P., 5, p. 132-133.