Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/460

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cet exemple combien la polémique était vive, lorsqu’on ne s’entendait pas. Dupleix, on en conviendra, manœuvrait assez bien l’insolence et ne dédaignait pas toujours la mauvaise foi. Cependant, sur le fond même de la question, ce fut à lui que la Compagnie donna raison. Son intervention fut d’ailleurs courte et décisive.

Elle avait connu dès le milieu de 1738 les pourparlers engagés par Dupleix avec le nabab pour l’obtention du paravana des roupies ; elle apprit un peu plus tard que ce paravana avait été accordé. Elle ne sut toutefois le différend survenu entre les deux conseils avec tous ses détails que par les courriers partis de l’Inde du 3 mars 1703 au 15 février 1739 et arrivés à Lorient du 17 avril au 23 juillet 1739. Dans ses premières réponses à la fin de 1738 et au commencement de 1739, elle marqua tout son mécontentement à Dupleix pour le peu de subordination du Conseil de Chandernagor, notamment à l’occasion du paravana qu’il fallait obtenir, mais elle ne se prononça pas sur le fond même de l’affaire qu’elle connaissait insuffisamment.

Dupleix n’accepta pas sans protester les observations qui lui étaient faites. Il s’en expliqua tout à la fois avec le contrôleur général, les directeurs et le commissaire du roi (lettres des 9, 12 et 14 janvier 1740).

Rappelant la situation de septembre 1737, il dit au contrôleur général qu’il n’avait alors agi que sous l’empire des circonstances ; il ne pouvait attendre l’avis du Conseil supérieur, à moins de courir les risques de faire manquer le voyage à trois vaisseaux ; d’une mauvaise affaire, il avait fait une bonne ; il avait assuré la libre circulation des roupies fabriquées à Pondichéry ; si le Conseil supérieur l’avait censuré, la jalousie y avait eu plus de part que toute autre chose, ce conseil avait injus-