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tement voulu exalter ses propres services en rabaissant ceux du Conseil de Chandernagor[1].

Avec les directeurs et notamment avec le commissaire du roi, Orry de Fulvy, il traitait surtout la question de subordination. Il semble que de Paris on l’ait accusé d’avoir de mauvais sentiments à l’égard de Dumas ; il s’en défendait expressément.

« Il n’y a jamais eu, répondit-il, d’éloignement de ma part pour M. Dumas. Je puis prouver tout le contraire par mes lettres et je puis vous assurer que je n’ai pas toujours trouvé chez lui ce que j’avais lieu d’en espérer. Il s’est présenté des occasions où, au lieu de nous blâmer simplement, on s’est servi de termes qui, à le bien prendre, pouvait donner atteinte à notre probité. Permettez-moi d’ajouter que je n’ai jamais cherché à établir ma réputation aux dépens de qui que ce soit et que content de bien faire, je n’ai point critiqué ce que faisaient les autres, quoi qu’ils ne fussent point exempts de critiques en bien des occasions. Je remplis mes devoirs en honnête homme. Je choisis toujours ce qui me paraît être le mieux. Je puis me tromper souvent, c’est le lot de l’humanité, mais jamais par dessein de mal faire ni de désobéir aux ordres de mes supérieurs. Il serait difficile à M. Dumas et au Conseil supérieur de dire en quoi nous avons manqué à la subordination que la Compagnie exige de lui. »

Dupleix continuait en disant qu’il ne méritait pas la façon dont on l’avait traité. La plupart de ceux qui composaient le Conseil supérieur ne connaissaient rien aux affaires du Bengale et étaient encore il y a peu d’années de simples commis ; ils auraient pu ne pas critiquer à tort et à travers un homme qui depuis vingt ans était leur supérieur. Le Conseil de Chandernagor n’a jamais été insubordonné et il le sera moins que jamais.

  1. B. N. 8982, p. 200.