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quelle la Compagnie, d’ordinaire plus circonspecte, trancha ce différend. Certes elle n’infligea pas un blâme à Dumas, mais il était difficile de lui faire comprendre sans le froisser davantage qu’elle ne l’approuvait pas. La correspondance dont nous avons publié les parties essentielles ne suffirait peut-être pas à justifier un pareil arrêt, si nous ne savions qu’au moment où la querelle éclata à Chandernagor, Godeheu, le futur ennemi de Dupleix, se trouvait au Bengale avec une mission de la Compagnie et qu’il s’était lié d’une étroite amitié avec Dupleix. Il assista au développement de toute la querelle depuis son arrivée à Chandernagor en septembre 1737 jusqu’à son départ à la fin de l’année 1738. En ces quinze mois, il fut le confident de Dupleix dont il partagea les vues. À son retour en France, il fut un témoin qu’on écouta. Godeheu — il le dit dans ses mémoires — raconta les faits dans le sens le plus favorable à Dupleix. Il n’est point douteux que ce furent ses affirmations qui décidèrent de l’opinion de la Compagnie.

Cette opinion était d’ailleurs la meilleure. Dumas eut en principe raison de se plaindre : il est évident qu’il eut été préférable d’obtenir la suppression pure et simple du droit extraordinaire de 3 % imposé un instant aux roupies arcates à leur entrée au Bengale plutôt que d’arriver à un compromis. Mais, comme il est certain que ce résultat n’eut pu être obtenu qu’à la longue, Dupleix eut raison de son côté de préférer une solution immédiate et pratique à des négociations longues et stériles, d’autant qu’il fallait se procurer de toutes façons une certaine quantité de roupies siccas pour l’usage des loges du Nord.


Il nous reste maintenant à dire ce qu’il advint au Bengale