Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/487

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légère inconvenance commise par Dupleix en ne désignant pas autrement Lenoir qu’en qualité « d’auteur de la lettre du mois de mars ». « Nous ignorons, lui dit-on, ce que vous voulez dire par « l’auteur de cette lettre ». Vous savez que nous ne signons point de lettres sans les lire au Conseil et que chacun est libre d’y ajouter ou d’en diminuer. Les lettres qui s’écrivent au Conseil ne sont point le fait d’un particulier. » Quant à la prétention de Dupleix de ne plus se mêler de la correspondance de Chandernagor, « nous ne savons, lui fut-il objecté, que penser d’un tel parti si ce n’est que vous ne voulez nous rendre compte de rien et que vous êtes plus éloigné que vous ne le dites de l’esprit de subordination. Vos lettres, quoique faites par un de vous en particulier, seront-elles moins les lettres du Conseil ? Il faut que vous ayez des vues que nous ne pénétrons pas. »

Ce point réglé, le Conseil de Pondichéry ne perdait pas de vue que l’affaire des Jésuites avait un caractère plus général et il exprimait sur elle ses pensées qui sont curieuses à noter comme une manifestation de l’esprit gallican et prouvent que les autorités civiles du xviiie siècle étaient beaucoup moins soumises au clergé que l’ont prétendu certains historiens.

« Vous avez tort de dire que Monseigneur de St -Thomé a déclaré nul le mariage du sieur La Gouche : il n’a osé le faire. Il semble que vous nous taxiez de mettre la main à l’encensoir et de vouloir gêner les consciences ; au contraire, nous voulons empêcher qu’elles ne le soient. Nous savons ce que nous devons à l’Église ; mais les lois du royaume que mal à propos vous nous citez pour autoriser votre aveugle soumission à tout ce que disent Monseigneur de St -Thomé et votre curé jésuite, savent réprimer les abus que commettent les gens d’Église sous prétexte de leur autorité ; c’est