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au bas mot 12 millions de livres, et Dumas pouvait écrire à Dupleix le 4 octobre 1743 que, si les dépenses continuaient sur le taux où elles étaient montées tant aux Indes qu’en France, elles ruineraient infailliblement la Compagnie. Il est probable, cependant, que la Compagnie n’aurait pas connu les risques redoutés par Dumas, si la guerre n’avait pas éclaté avec l’Angleterre. La période de 1730 à 1740 fut très prospère et les bénéfices commerciaux passèrent de 4.221.156 en 1725 a 6.944.240 en 1736 et à 10.367.559 en 1743. La guerre avec l’Angleterre ne la ruina d’ailleurs pas ; à la paix, elle se trouva seulement un peu plus endettée et, sans les théories économiques de Quesnay, Gournay et Turgot, qui occasionnèrent sa fin, il est probable que, son privilège renouvelé, elle eût duré autant que l’ancienne monarchie. Elle ne prêta cependant aucun appui aux projets de Dupleix, d’abord parce qu’elle n’avait aucun crédit pour les suivre, ensuite parce que Dupleix, n’ayant pas lui-même d’idée préconçue, ne les formula expressément qu’à la fin de 1753, alors que son remplacement était déjà décidé.


3. Son organisation dans l’Inde.

Il nous faut maintenant jeter un coup d’œil sur l’organisation de la Compagnie dans l’Inde elle-même. Nos établissements étaient dirigés par un gouverneur résidant à Pondichéry, choisi par la Compagnie et nommé par le roi. Tous les services étaient sous ses ordres. Il était assisté d’un second, pouvant le suppléer, et d’un conseil supérieur de cinq membres, dont il était obligé de prendre les avis, sans être tenu de les suivre. Ce conseil avait une compétence générale sur toutes les affaires commerciales, administratives, politiques, militaires,