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objets de contrebande et la pacotille que les officiers et les matelots ne se faisaient pas faute d’embarquer en fraude, sauf à encourir la confiscation, les amendes et la prison. Les officiers, en général dépourvus de scrupules, étaient au contraire d’assez bons manœuvriers, et l’on compte peu de bateaux perdus par leur incurie ou leur incapacité.


4. Le commerce d’Europe et le commerce d’Inde en Inde.

La Compagnie se livrait dans l’Inde à un double commerce, avec l’Europe et avec nos divers établissements ou comptoirs au-delà du Cap de Bonne-Espérance. L’un était dénommé commerce d’Europe et l’autre commerce d’Inde en Inde.

Le premier était un monopole de la Compagnie, Son but principal était moins d’importer dans l’Inde des marchandises de France que de lui demander les siennes propres. Aussi les bateaux partaient-ils d’Europe assez peu chargés. Ils emportaient surtout des matières d’argent, prises à Cadix qui, transformées dans l’Inde en roupies, servaient alors aux transactions commerciales : les marchandises d’Europe étaient l’appoint plutôt que le principal de ces transactions : elles consistaient surtout en draps et en fer, puis venaient, dans des quantités peu appréciables, les autres produits, notamment la quincaillerie, la verroterie, le corail, les cauris et les vins. Les retours consistaient selon les régions en guinées, percales, baffetas, guingans, sanas, salempouris, tarlatanes, mouchoirs de Mazulipatam et de Pondichéry, bétilles, organdis, étoffes de soie ou de coton, et les plus riches étaient fournies par le Bengale. Il faut y joindre le poivre, le café, le bois rouge et le salpêtre. Ces marchandises devaient être commandées plusieurs mois avant la livrai-