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son : il n’y en avait pas de préparées à l’avance. Comme il n’existait pas de fonds de roulement, on ne pouvait en principe faire une commande qu’avec de l’argent importé. Cet argent arrivait, soit sous forme de lingots, soit sous forme de piastres mexicaines. Les fonds étaient immédiatement portés à la Monnaie des souverains du pays qui, seuls à ce moment, avaient le monopole de la frappe des pièces d’argent, et, après l’opération, la plus grande partie était distribuée aux marchands. Les commandes s’exécutaient alors en toute sécurité : les marchands commençaient aussitôt à travailler et le chargement des navires pour la fin de l’année pouvait être considéré comme assuré. Les fonds envoyés par la Compagnie ne suffisaient pas toujours à assurer l’intégralité des chargements demandés ; on recourait alors sur place à quelques emprunts péniblement consentis, mais les conseils eussent préféré qu’on leur envoyât assez de fonds pour pouvoir commencer les opérations de l’année suivante sans être obligés de recourir à ces expédients. La Compagnie ne méconnaissait point la justice de ces désirs, mais ne put jamais leur donner satisfaction.

Les marchandises fournies à la Compagnie par ses différents comptoirs dans l’Inde lui coûtaient à cette époque environ 2 millions ½ par an ; ces chiffres approchèrent de 3 millions de 1725 à 1730 et dépassèrent parfois cette somme dans la suite. Arrivée en France, la cargaison était aussitôt vendue en une seule fois à Lorient et à Nantes ; on estime qu’après déduction de tous les frais, aussi bien ceux de l’armement que ceux de l’administration générale, elle donnait à peine 10 %. Elle donnait au contraire de 60 à 100 %, si l’on compare seulement les prix d’achat dans l’Inde et de vente en France.