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La Compagnie avait commencé par se réserver le commerce d’Inde en Inde, comme celui d’Europe ; mais en 1722, considérant que ce dernier était plus favorable à ses intérêts et qu’il convenait de lui consacrer la totalité de ses fonds, elle permit à tous ses employés de faire le commerce d’Inde en Inde, à l’exception, toutefois, de la Chine, de Moka et des autres endroits où elle avait des comptoirs. Elle se réservait également l’usage de ses bateaux ; ses employés ne devaient se servir que de ceux des Maures ou des Gentils (Paris, 20 février 1722). En 1724, elle alla plus loin : par lettre du 12 décembre, elle ne garda plus que le commerce de Moka et résolut de ne s’intéresser dans celui des autres comptoirs que pour une somme globale de 10.000 pagodes chaque année. C’était à peu près la quinzième partie des armements ; le reste fut abandonné aux particuliers.

Le commerce d’Inde en Inde se faisait surtout du Bengale, où se trouvaient les marchandises les plus appropriées. Le Conseil de Chandernagor pouvait indifféremment armer pour Jedda, Moka, Bassora, Bender-Abbas, le Pégou, Achem, Manille et Canton, tandis que les toiles bleues de Pondichéry, qui constituaient presque uniquement le commerce de cette ville, ne s’écoulaient guère utilement qu’à Moka et à Manille.

L’armement d’un navire oscillait autour de 100.000 roupies ; il était constitué par les marchandises propres aux armateurs et celles qu’ils avaient à fret, généralement à 7 %, comme aussi les fonds qu’ils prenaient à la grosse entre 15 et 20 %. Après prélèvement des droits d’entrée fixés à 3 %, il pouvait laisser un bénéfice net de 30 à 40 %. mais ces chiffres étaient rarement atteints. Le succès d’un armement dépendait de la capacité du capitaine, mais surtout de l’habileté du subrécargue.