Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/57

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absolument certains, elle ne devait, quant à présent, songer qu’à affermir ses anciens établissements et nullement à en former de nouveaux.

La loge de Yanaon, fondée en 1723, dépendait de Mazulipatam : elle eut pu fournir en temps ordinaire de 3 à 400 balles de marchandises, mais en 1727 le commerce était si défectueux et l’avenir si peu rassurant que le Conseil Supérieur prit prétexte de la tyrannie des rajahs du pays pour donner l’ordre à Fouquet et Guillard, qui tenaient le comptoir, de l’évacuer momentanément, en y laissant seulement des pions pour garder les bâtiments (janvier 1728).

Mahé avait été occupé en 1721 à la demande même de Bayanor, prince du pays, pour nous permettre d’y avoir en quelque sorte le monopole de l’achat des poivres, dont Bayanor toucherait les droits de douane à la sortie. Les deux opérations se justifiaient l’une par l’autre. Comme tout de suite l’argent nous manqua pour acheter des poivres, Bayanor qui ne percevait aucun droit, crut avoir fait un marché de dupe et, en 1724, il nous expulsa, à l’instigation des Anglais, de Tellichéry, un petit port situé à 8 kilomètres au nord de Mahé. La Compagnie organisa aussitôt une expédition pour venger cet affront, et le 1er décembre 1725, une flotte commandée par M. de Pardaillan parut devant Mahé ; la ville fut reprise les 2 et 3 décembre. Toutefois, la guerre dura quelque temps encore autour de nos frontières et la paix ne fut signée avec Bayanor que le 8 novembre 1726. Cette paix n’était pas en elle-même fort glorieuse ; nous abandonnions à Bayanor nos créances sur lui estimées 70.000 fanons, nous lui faisions une sorte de don de 150.000 autres fanons et nous prévoyions divers cadeaux annuels ressemblant à s’y