Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/58

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méprendre à un tribut : du moins nous étions les maîtres en notre loge où nous pouvions construire un fort, des magasins et habitations. Ce traité n’avait pas réglé toutes nos difficultés, nous restions en réalité en guerre avec les Anglais pour le compte d’un petit prince nommé Coyonnaire, dont les états se trouvaient entre Mahé et Tellichéry. Les Anglais attaquaient Coyonnaire et nous le soutenions. Cette situation qui pouvait amener la guerre directe entre les deux pays, finit par attirer l’attention du gouvernement de Madras lui-même, d’où dépendait Tellichéry, et il fut décidé que des négociateurs français et anglais se réuniraient au début de 1728 pour amener un accommodement. Les délégués français furent Delorme, second du Conseil Supérieur qui vint de Pondichéry tout exprès en décembre 1727, et M. Deidier ; les délégués anglais furent Adam et Et. Law. Ils parvinrent, non sans peine, à arrêter une convention, datée du 20 mars 1728, qui, après avoir réglé la situation spéciale à Coyonnaire par une sorte de neutralité, portait une clause importante, qui joua fort heureusement dans l’avenir : les Français et les Anglais prenaient l’engagement de ne jamais inquiéter mutuellement leurs forts ni d’attaquer leurs embarcations dès qu’elles seraient en vue de Mahé et de Tellichéry, quand même il y aurait guerre en Europe entre les deux couronnes.

La loge de Calicut, fondée en 1701, avait été l’origine de notre établissement de Mahé ; depuis 1720, elle n’en était plus qu’une dépendance. Bien que la ville fut infiniment plus peuplée et que le pays lui-même ne fut pas moins riche, le poivre s’y vendait plus cher, les affaires étaient moins importantes. Un employé y faisait toute la besogne avec quelques écrivains du pays.


C’est à Surate, alors la ville la plus importante de