Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

employés et le plus capable de vous servir. Nous n’avons rien remarqué dans sa conduite qui fut préjudiciable aux intérêts de la Compagnie. Se voyant révoqué à l’arrivée du croiseur le Bourbon, il nous a demandé de repasser en France sur ce même bâtiment avec sa femme. Nous le lui avons accordé ; il ne sait point les ordres particuliers qui ont été donnés à son égard, ni personne du Conseil autre que nous : nous le laisserons agir à son ordinaire[1] ».

Les ordres particuliers concernant Dumas, c’était purement et simplement son arrestation. Lenoir et Delorme avaient eu la délicatesse de lui cacher cette mauvaise nouvelle : ils avaient seulement exigé de lui qu’il se considérât comme consigné à bord du navire qui le ramènerait en France. Dumas s’embarqua sur le Bourbon le 21 janvier 1723.

Dupleix, qui était à Pondichéry dans une situation précaire, pensa que, si des vacances se produisaient au sein du Conseil, ce serait pour lui l’occasion de consolider sa fortune et qui sait ? de se rapprocher à nouveau du rang qu’il avait occupé de façon si éphémère. Il écrivit à son frère, le 20 janvier 1723 : « C’est une conjoncture dans laquelle vous pouvez me rendre service en me procurant une fois dans la vie un état fixe qu’il n’a pas plu à la fortune de m’accorder. Il y a si longtemps qu’elle me ballotte, que je ne sais quand elle voudra me donner un état heureux, que je désire avec tant d’ardeur. C’est de vous que je l’attends ; je vous le demande les larmes aux yeux ; ne me refusez pas cette grâce[2] ».

Les événements ne se passèrent pas comme il l’eût désiré. Non seulement il ne se produisit aucune vacance

  1. B. N., 9354. p. 104. Lettre du 19 septembre 1722.
  2. B. N., 9151, p. 4.