Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/99

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accorder tous les pouvoirs dont il peut avoir besoin pour prendre dans l’occasion pressée le parti qui lui paraîtra le plus convenable, surtout lorsque mes ordres et mes avis ne pourraient lui parvenir assez à temps et que le retardement pourrait déranger les occasions subites qui se présenteraient, tenant pour bon dès à présent tout ce qu’il jugera convenable de faire dans de telles circonstances, sans que la mauvaise réussite puisse lui être imputée en rien, — étant bien persuadé qu’ayant toujours en vue la gloire du roi, l’honneur de la nation et de la Compagnie, ses décisions ne tendront toujours qu’à ce but ; son zèle, sa fermeté, sa prudence m’étant de sûrs garants qu’il ne s’en éloignera jamais, lui recommandant de me donner promptement avis du parti qu’il aura pris suivant les circonstances pressées où il se trouvera et de me consulter et d’attendre mes ordres pour celles qui n’exigent point d’aussi promptes décisions. »

Toutefois en lui accordant ces pleins pouvoirs, Dupleix n’entendait pas user de l’autorité qu’il tenait du roi pour obliger Bussy à retourner à son poste ; il s’en rapportait plutôt à sa discrétion et un peu à son amour-propre. Ne lui disait-il pas que sa présence dans le Décan ferait plus d’effet en une heure que tout ce que pouvaient faire les autres Français de l’armée, dont la conduite n’aboutissait qu’à faire mépriser la nation (Lettre du 4 mai).

Bussy répondit le 11 mai qu’il consentait à repartir et il quitta Mazulipatam le 25, sans foi ni enthousiasme. Il ne pouvait oublier que cinq mois auparavant il recommandait encore à Dupleix l’évacuation du Décan et les événements survenus depuis n’étaient pas de nature à modifier ses sentiments. Ayant amassé une grosse fortune, il ne se souciait pas de la compromettre non plus que sa réputation dans ce qui lui paraissait désormais une simple aventure ; mais Dupleix avait frappé juste lorsqu’il lui avait demandé de ne point abandonner, avant de