Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/109

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marque une orientation nouvelle dans la politique de Bussy et qu’il indique les moyens pratiques de la réaliser. Non seulement Bussy ne parle plus d’abandonner le pays à son sort, quel qu’il dût être, mais encore il entend s’y maintenir et y rester. Analysons ce document.

Bussy constatait d’abord que pendant son absence la nation avait beaucoup perdu de son prestige. Son retour avait déjoué toutes les intrigues et cabales ; mais il lui faudra du temps pour reprendre son ascendant. Il y arrivera sans peine s’il a des forces suffisantes : alors, dit-il « je puis, sans me flatter, me promettre de décider à mon gré des affaires du Décan et de régler, suivant les nôtres, les intérêts du nabab et les particuliers. » Inutile de se nourrir d’illusion : on cherche à se débarrasser de nous. Lasker kh. pense y être parvenu en divisant nos forces et tout en redoutant notre départ, le soubab « naturellement pusillanime, sans esprit et sans expérience », subit entièrement son influence. Seule, notre présence empêche encore ce ministre de dévoiler ouvertement son jeu. Sachant que nous sommes gens de ressources, il n’ose employer contre nous ni la force ni la trahison ; il a cru plus habile de nous obliger nous-mêmes à la retraite en ne payant pas nos troupes et en nous réduisant à la famine. Il était possible qu’en effet le trésor de Salabet j. fut à sec ; mais le pays est loin d’être sans ressources et ses revenus seraient plus que suffisants pour satisfaire à nos besoins. Lasker kh. ne l’ignore pas.

Pour se passer ainsi de nous, faut-il croire que le pouvoir du soubab soit bien affermi ? Non pas : les Marates et Balagirao sont aussi menaçants que jamais, et notre retraite suffirait pour faire crouler l’empire du soubab. Cette chute pourrait à la rigueur nous être indifférente ; mais si nous partions du Décan, d’autres Européens prendraient notre place et y maintiendraient l’autorité de Salabet j. Les lettres échangées entre