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Lasker kh. et le gouverneur de Madras ne laissent aucun doute à cet égard : les Anglais défendraient le Décan contre les Marates comme nous l’avons défendu nous-même ; il n’y aurait rien de changé, sinon que Lasker kh., soutenu par nos ennemis, serait maintenu dans sa place de ministre et de régent, malgré la volonté même de Salabet j.

Qu’y gagnerions-nous ? Assurément rien. Tout nous échapperait à la fois, et le Décan et le Carnatic et Mazulipatam et le Condavir. Notre commerce serait anéanti. Le soubab verrait peut-être notre chute avec regret, mais il ne peut s’y opposer : ses volontés, dominées par celles de son ministre, demeureront sans effet ; il gémira, il éclatera peut-être, mais inutilement pour nous, parce qu’il n’a ni autorité ni fermeté.

Il serait peut-être plus court d’éviter ce risque en abattant une seule tête ; mais pour en venir à cette extrémité, il n’y a que deux moyens : la trahison ou la violence. Le premier ne nous convient pas, le second offre des difficultés presque insurmontables. Faut-il donc céder à l’intrigue et nous retirer volontairement du pays ? Le Décan n’y gagnerait rien, puisqu’il ne ferait que changer de maître ; mais est-ce bien l’intérêt du pays qui guide Lasker kh. ? « Tel est, dit Bussy, l’esprit de la nation maure que chacun ne songe qu’à son avantage présent et personnel et sacrifie tout à cette idée, fidélité et reconnaissance. »

« Homme de la patrie et de la nation, tous ces noms si sacrés chez tous les peuples ne sont rien parmi les Maures au prix de l’intérêt particulier et de l’espérance d’un avantage personnel. Aussi toutes ces grandes idées d’honneur de nation, d’intérêt public qui lient tous les membres d’un état à son souverain et les arment pour la cause commune, sont des chimères dans ce pays, où chaque particulier ne pense qu’à soi, ne cherche qu’à tirer parti des troubles et des révolutions qui arrivent. »

Quelle attitude devons-nous donc prendre dans les conjonc-