Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/12

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pour le nouveau soubab de s’appuyer uniquement sur nos forces justifiait leur confiance. Cette communauté de sentiments subsista lorsque nos troupes se trouvèrent réellement engagées dans le Décan et comme il n’exista jamais entre les deux hommes ni jalousie ni rivalité mais un égal amour du pays et un même désir de gloire, il n’est pas étonnant qu’une entente aussi étroite qui se maintint presque sans nuages jusqu’en 1754 ait abouti aux plus brillants résultats.

Peu s’en faillit pourtant que Bussy ne demeurât pas chargé de la tâche. Dans les jours qui suivirent le 14 février, il fut sérieusement malade et demanda à revenir à Pondichéry. Dupleix l’y autorisa (6 mars) non sans l’avertir que, dans son intérêt aussi bien que pour la gloire du roi, il serait préférable qu’il restât (A. V. 3748).

Bussy resta, mais pour tomber presque aussitôt sur d’autres écueils. Il lui arriva un jour de consigner sa tente à Ramdas Pendet, et ce haut seigneur ressentit cruellement l’affront. Des officiers se plaignirent d’autre part d’être traités avec trop de hauteur ; enfin Bussy avait auprès de lui comme second le propre neveu de Dupleix, Kerjean, capitaine d’infanterie. Outre le mérite personnel que pouvait avoir cet officier, sa parenté avec le gouverneur lui donnait une sorte de droit de conseil qui ne plut pas à Bussy, comme il ne plut pas à Kerjean de ne pas être consulté, Il s’en ouvrit à son oncle, qui, avec les ménagements nécessaires, fit entendre à Bussy (lettre du 8 mars), que ce serait un moyen de lui témoigner à lui-même de la déférence si dans les circonstances épineuses il voulait bien se concerter avec Kerjean ; celui-ci était parfaitement capable de lui donner de bons conseils. L’avis était courtois et mesuré ; mais dans une lettre adressée personnellement à Kerjean le 17 mars,