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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/13

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Dupleix regrettait beaucoup plus nettement que Bussy eut manqué de mesure en ces diverses, circonstances, mais, ajoutait-il, « il est assez difficile d’allier la fermeté avec la bonté dans les manières ; ce n’est qu’un grand usage du commandement qui fait trouver ce milieu et rendre affable en même temps que l’on conserve toute la fermeté. »

La fin de la lettre pour laquelle Dupleix demandait le plus grand secret était plus suggestive. Il se pourrait, disait-il en substance, qu’après son arrivée à Golconde, Bussy dut continuer jusqu’à Aurengabad, mais que, devenu trop exigeant, il posât au soubab des conditions exorbitantes. Ce serait un abus. Les avantages nouveaux qu’on pourrait nous consentir ne devaient pas être plus importants que ceux qui avaient été convenus à Pondichéry au moment du départ pour Haïderabad. — Les conditions actuelles étaient suffisantes, d’autant plus que le soubab avait promis de doubler les gratifications en arrivant à Golconde. Exiger davantage serait de la tyrannie. Si Bussy dépassait la mesure, Kerjean devait, avec autant de tact que possible, essayer de l’y ramener, et, en cas d’insuccès, prendre le commandement des troupes et les conduire lui-même à Aurengabad. Toutefois il ne devait agir ainsi qu’à la dernière extrémité.

Le désir de favoriser Kerjean n’était sans doute pas étranger à cette mesure rigoureuse, peu conforme au caractère de Dupleix, mais peut-être s’imaginait-il que Bussy, dont la santé était mal rétablie, ne serait pas fâché de jouir en paix de la petite fortune qu’il avait amassée. Il le voyait déjà, après son arrivée à Golconde, prendre de lui-même le chemin de Mazulipatam pour rentrer en France. « Sans doute, écrivait-il à nouveau à Kerjean le 2 avril, Bussy considère sa fortune comme faite et ne