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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/14

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songe plus qu’à se retirer. » Et dans cette pensée, il traçait déjà à Kerjean la ligne de conduite qu’il devrait tenir, lorsqu’il aurait le commandement de l’armée. Il lui recommandait d’être généreux, bon et ferme et d’affecter en même temps le désintéressement. « Soyez affable et poli avec tout le monde », lui disait-il, comme si Bussy avait péché par ce défaut de qualités.

Il est certain qu’à ce moment et pendant tout un mois Bussy toucha de près la disgrâce, mais il ne connut sans doute jamais les lettres adressées à Kerjean. Il put donc sans arrière-pensée conserver sa foi en Dupleix. Les conseils que celui-ci lui avait donnés sur l’art de gouverner n’avaient rien d’offensant et tout porte à croire qu’ils ne tombèrent pas en pure perte ; car non seulement nous ne trouvons plus d’observations pareilles dans la suite de la correspondance, mais instruit par l’expérience, Bussy ne cessa de déployer jusqu’en 1758 les qualités de fermeté et d’affabilité que Dupleix considérait à juste titre comme nécessaires à un chef.

Le rétablissement de sa santé qui eut lieu sur ces entrefaites, anéantit les espérances de Kerjean et, au milieu d’avril, sa situation se trouva plus forte que jamais. Un nouveau succès venait de la consolider.

En remontant à petites journées de Cudappa à Haïderabad, l’armée arriva le 26 mars devant la petite ville de Carnoul, dont le nabab avait successivement trahi Nazer j. et Muzaffer j. La place dont la défense avait été négligée et dont une partie des murs tombait en ruines, était gardée par 4.000 hommes qui essayèrent de nous opposer quelque résistance. On les réduisit sans peine à l’impuissance et la majeure partie d’entre eux fut passée au fil de l’épée. La veuve et les deux fils du nabab furent faits prisonniers.

Toutefois ce n’est pas cet événement qui rétablit aux