Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

yeux de Dupleix la situation de Bussy. Dans le temps où Carnoul tombait entre nos mains, on apprit qu’une armée marate forte de 20.000 hommes et commandée par Balagirao, tout à la fois général en chef et premier ministre du raja de Sattara, était campée entre la Krichna et Golconde, avec l’intention de nous barrer la route. Elle était soudoyée par Gaziuddin, qui voulait se réserver l’avenir, mais comme les hommes étaient mal payés, ils n’avaient nulle envie de se battre. Bussy eut pu profiter de cet état d’esprit pour leur tomber dessus ; peut-être eut-il été victorieux. Il préféra acheter la paix ; il savait combien à la guerre la fortune est inconstante et il n’avait pas assez de monde pour jouer l’avenir du Décan sur un coup de dé. Ses instructions comme notre intérêt lui conseillaient de consolider d’abord l’autorité de Salabet j. à l’intérieur ; il atteignit ce but, en faisant donner deux laks à Balagirao. Moyennant cette somme, les Marates firent une retraite honorable et Salabet j. put considérer que la maîtrise du Décan n’était plus qu’une affaire de jours ou de semaines.

À la suite de ce marché, l’armée put en effet entrer paisiblement à Haïderabad, où elle arriva le 12 avril. Salabet j. y fut reçu avec toute la pompe orientale et reconnu soubab sans opposition. Tous les gouverneurs, même ceux des provinces lointaines, lui prêtèrent les uns après les autres serment de fidélité.

Suivant les conventions arrêtées à Pondichéry avant le départ des troupes, les gratifications furent alors distribuées sur la caisse du soubab à Bussy, à ses officiers et même à d’autres personnes. D’après Orme, Bussy aurait reçu pour son compte 2.250.000 liv. et un simple enseigne 120.000 liv[1]. Un missionnaire, le P. Théodore,

  1. Nous ne savons quelle somme exacte reçut Kerjean, mais dans le