Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et avoir justifié du mieux qu’il pouvait la politique de Dupleix dans le Carnatic[1], il terminait par cette conclusion tout à la fois mélancolique et humoristique :

« Quant à moi, à ne consulter que mon inclination et le pen¬ chant naturel qui me porte vers ma patrie et ma famille, je verrais venir avec une grande satisfaction les ordres de la Com¬ pagnie pour la rentrée de toutes les troupes dans ses comptoirs. Quoique je sois décoré de tous les titres et marques d’honneur que l’Empereur peut accorder aux grands de son empire, géné¬ ralissime des armées du Décan, arbitre des Mogols et des Marates, Maymarath enfin[2], tout cela me touche fort peu.

  1. Bussy restait toujours convaincu qu’il fallait faire la paix dans le Carnatic, mais entrant insensiblement dans les vues de Dupleix, il estimait que ce n’était pas en sacrifiant tout à nos adversaires qu’on arriverait à ce résultat. Ils avaient eu la supériorité des armes en maintes occasions ; si l’on traitait actuellement avec eux, ils ne nous laisseraient en fait de commerce que ce dont ils n’auraient pas besoin : c’est ce qu’on se gardait bien de dire en France.
  2. « Le signe du (Maymarath ou Mai Maratta ou encore) Mamurat est un bâton au haut duquel il y a une tête de poisson ; au-dessous de ce poisson est une petite boule et au-dessus une main ; le tout est couvert d’une feuille d’or ; la petite boule est le droit de commander par terre et la main représente celle du Mogol qui, faute de pouvoir mettre sa main dans celle du seigneur, à qui il donne cette qualité, lui envoie une main dorée pour l’assurer de sa protection.

    « Quatre ou cinq nababs ont seuls la permission de faire porter devant eux, quand ils sortent, le signe de Mamurat. Muzafer j., qui comme nabab de Golconde et d’Aurengabad, a droit de nommer à une de ces grandes dignités, en a revêtu le général des Français. Quand M. Dupleix sort, il est précédé de six gardes européens avec leur capitaine, tous à cheval ; ensuite viennent douze lanciers et 24 pions, portant chacun un pavillon doré, fond blanc ; suivent douze éléphants richement parés, sur un desquels est un grand étendard français ; sur un autre il y a le signe de Mamurat sur un pavillon fond blanc tout doré, que les seuls vice-rois maures de l’empire mogol ont droit de porter ; sur un autre sont deux grosses timbales de cuivre sur lesquelles on bat la marche ; leur son s’accorde avec quantité de trompettes, de fifres et autres instruments en usage dans les Indes ; sur les autres éléphants, il y a encore des signes qui ont rapport aux grandes dignités dont Muzaffer j. a honoré M. Dupleix. » — (Réfutation par Godeheu, p. 87-88).