Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/160

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Combien je préférerais une promenade au Palais Royal ou aux Tuileries et un souper avec deux ou trois amis de votre caractère à la vaine pompe des grandeurs asiatiques dont je suis excédé, au grave et fastueux personnage que je suis forcé de jouer et dont nous avons ri quelquefois tête à tête. L’honneur de la nation et les intérêts de la Compagnie se sont opposés jusqu’ici à cette félicité dont je ne puis goûter qu’en esprit les délices. Si j’avais moins cherché les avantages de la Compagnie, je serais moins sensible à leur perte. Je ne la verrai qu’avec la douleur d’un citoyen qui voit sa patrie aveugle sur ses intérêts abandonner à d’autres des trésors qu’elle ne refuse que parce qu’elle ne les connaît pas. » (A. C. C2 84, p. 138-451).

En attendant, Bussy continua d’agir comme si tout devait se passer le mieux du monde. Comment parvint-il, peu de jours après son arrivée à Aurengabad, à se faire présenter par plusieurs seigneurs de la cour une sorte de convention dont l’objet principal était d’établir solidement les Français dans le Décan et de le mettre lui-même en possession de toute l’autorité ? Sa prudence ou son habileté coutumière dut y pourvoir. Quoiqu’il en soit, cinq hauts signataires, parmi lesquels Chavanas kh., lui présentèrent une convention en huit articles, en vertu de laquelle :

les signataires — nous allions dire les conjurés — faisaient le serment solennel de se soutenir et de se défendre mutuellement, tandis que Bussy s’engageait à ne laisser écraser aucun d’eux lorsqu’il serait lésé :

on se ferait une loi inviolable de l’équité et de la justice surtout envers le peuple, dont les intérêts devaient toujours être respectés et ménagés ;

on se communiquerait mutuellement ses vues et projets ; rien de caché pour la cause commune ;

dans les délibérations, l’avis de la majorité l’emporterait, sans que nul put se choquer que le sien propre n’eut pas prévalu ;