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girao les moyens de provoquer une révolution et il mit Salabet j. au courant de tout ce qui se passait. Le soubab comprit le danger et consentit au rappel de ses frères, mais à condition qu’ils resteraient sous la garde des Français. Afin de sauver les apparences, il fut entendu que Bussy présenterait une requête au sujet de leur élargissement et que Chanavas kh. et Lasker kh. la signeraient conjointement. Ainsi fut fait, et le fils de Calender kh. partit aussitôt pour Daulababad avec nos dragons, 200 soldats et 2.000 cipayes. Le quélidâr commença par ne pas vouloir reconnaître les ordres de Salabet j., mais il s’inclina lorsqu’il sut que telle était aussi la volonté de Bussy. Nizam Ali eut une attitude à peu près analogue ; il déclara qu’il ne se connaissait point de frère à Aurengabad.

Au retour le concours du peuple fut si grand qu’on eut toutes les peines à avancer. Les princes entrèrent dans la ville au milieu des acclamations. Tout le monde, grands et petits, comblait les Français de bénédictions. On ne tarissait point d’éloges sur la nation et notamment sur leur commandant à qui l’on donnait d’une voix unanime le titre de restaurateur et de sauveur du Décan.

Cet événement eut lieu dans les premiers jours de janvier 1754. Le bénéfice que nous en retirâmes fut considérable. Outre qu’on cessa dans la population de nous reprocher la captivité des princes et de nous en tenir rigueur, Bussy calculait que nous pourrions peut-être un jour nous appuyer sur l’un d’eux, si « Salabet j. dont le caractère faible et volage était capable de toutes sortes de bévues et de sottises, venait à nous oublier ou que quelque révolution préparât un changement de scène dans le pays ? » Ce jour-là, il nous serait aussi facile d’élever un nouveau souverain que de le précipiter lui-même dans le néant.