Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/166

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comme si Bussy eut voulu se tailler dans le Décan une vice-royauté autonome ou indépendante. Quand cette question fut réglée à la satisfaction de Bussy, ce fut celle du commandement des nouvelles provinces qui se posa. Moracin, qui était à Mazulipatam depuis plus de deux ans, se trouva mortifié de ne pas être chargé directement de leur administration et il fallut que Dupleix réglât encore cette question d’amour-propre en consacrant par un titre officiel les pouvoirs de Bussy. L’attitude à observer avec les Anglais et les Hollandais fut aussi l’objet de quelques explications embarrassantes, mais les difficultés les plus graves résultèrent des embarras financiers où Bussy se trouva pendant plusieurs mois et dont il fit remonter la responsabilité à Moracin.

Ces questions que nous allons maintenant reprendre en détail étaient de celles où, selon une remarque de Bussy, « deux hommes revêtus de la même autorité s’observent réciproquement et avec toutes sortes de politesse et sont attentifs à tenir tout dans un équilibre qui ne laisse prendre d’ascendant ni d’un côté ni de l’autre ». Leur règlement ne dura pas moins de quatre mois et se fit tout entier par correspondance.


Caractère particulier de la cession des circars. Bussy commandant en chef des armées du Décan. — La cession des circars à un représentant de la Compagnie était conforme à tous les précédents. Le gouverneur Dumas et Dupleix lui-même en avaient bénéficié. Bussy n’avait rien innové ; il savait d’autre part par de nouveaux ordres venus de France, que toute cession faite à un employé de la Compagnie devait être considérée comme faite à la Compagnie elle-même ; donc aucune idée d’indépendance personnelle n’avait pu traverser son esprit. S’il avait