Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

invité à écrire à Saunders pour l’informer que s’il continuait à soutenir Mahamet Ali, ses compatriotes seraient chassés de leurs comptoirs. Quant à ce prince, Dupleix était toujours d’avis qu’on lui trouvât une compensation dans le Décan. Il avait d’abord songé à Ellore et à Rajamandry ; après réflexion, il estima que ces villes étaient trop près de Madras et opina pour Chicacole.

Nizam Ali donnant quelque signe d’indépendance, Dupleix craignait que son intelligence ne créât un jour quelque embarras sérieux à Salabet j. et, par mesure de précaution, il demanda à Bussy s’il ne conviendrait pas de s’assurer de sa personne. Salabet j. pouvait craindre de lui le poison ou l’assassinat.

La cour du soubab était alors divisée en trois clans qui se réclamaient de Ramdas Pendet, Seyed Lasker k. et Chanavas k. Dupleix connaissait toutes leurs intrigues. Par la divanie, Ramdas était celui qui ayant le plus d’argent pouvait se faire le plus d’amis. Lasker kh. venait d’être investi du gouvernement d’Aurengabad. Dupleix le considérait comme un honnête homme, à qui l’on pourrait un jour donner la place de Mahamet Ali. Chanavas kh., l’un des anciens conseillers de Nazer j., était pour le moment en défaveur. Dupleix, qui voyait les choses d’assez loin, estimait qu’en s’alliant étroitement avec Ramdas Pendet, on pourrait, s’il était besoin, faire sentir à Salabet j. que sans nous c’est le fils de Muzaffer j. qui régnerait à sa place. Si les partis de Ramdas Pendet et de Seyed Lasker kh. parvenaient à s’équilibrer, Bussy devrait manœuvrer entre les deux pour faire accorder à nos établissements du Bengale le droit de ne payer aucune redevance au Mogol. Quant au reste, maintenant que Bussy s’éloignait chaque jour de plus en plus de Pondichéry, Dupleix ne pouvait plus lui donner d’ins-