Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/18

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tructions précises ; il s’en rapportait à sa prudence :

« Vous connaissez parfaitement, lui disait-il, la race à qui vous avez à faire ; la fermeté bien ménagée et mêlée d’affabilité vous conduira où vous voudrez. » (Lettre du 24 mai)… « Vous avez ma confiance entière ; je n’ai rien changé à mes sentiments ; ils sont toujours les mêmes et il m’est très flatteur d’avoir contribué à la fortune d’un galant homme comme vous. » (Lettre du 27 mai).

Cependant l’armée avait repris sa marche et s’avançait vers Aurengabad, véritable capitale du Décan depuis qu’Aureng-Zeb avait détruit en 1687 le royaume de Golconde. Il semble qu’avant d’entreprendre ce nouveau voyage, Bussy, Kerjean et Vincens aient demandé au soubab de nouvelles gratifications. On a vu qu’il n’entrait pas dans les sentiments de Dupleix d’approuver ces exigences ; lorsqu’il les connut, il écrivit tout à la fois à Bussy et à Kerjean (lettres du 30 juillet) que c’était le meilleur moyen de nous faire détester ; cette avidité ne pouvait être que fort mal interprétée par les Indiens et affaiblir la valeur de notre intervention et de nos services. Bussy et Kerjean n’auraient dû accepter de nouvelles gratifications que si le soubab les avait spontanément offertes. Dupleix ne s’opposait d’ailleurs pas à ce qu’il en fût accordé aux subalternes et insistait même pour qu’elles fussent payées.

La marche vers Aurengabad se fit au milieu d’une grande confusion d’idées et de sentiments. Chanavas kh. mécontent de Salabet j. qu’il tenait pour un prince faible et sans honneur, livrant son pays aux infidèles, s’était échappé de Golconde et s’était rendu à Aurengabad dans un état d’esprit qui ne présageait rien de bon. Le bruit courait d’autre part que Gaziuddin avait enfin obtenu du Mogol un firman qui l’investissait de la soubabie, et